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Le patrimoine

Le patrimoine bessanais

Une richesse géoculturelle

Le dictionnaire Le Petit Robert définit ainsi le mot patrimoine : “Ce qui est considéré comme un bien propre, comme une propriété transmise par les ancêtres.”

Nous tentons donc ici d’évoquer tout ce qui peut constituer le patrimoine bessanais, c’est-à-dire celui d’une vaste commune (128 km2) en territoire de montagne, à une altitude limite pour l’implantation de la vie humaine et donc restée assez longtemps dans un mode de vie traditionnel.

Même si le patrimoine naturel n’a pas été créé par nos ancêtres, il a été en partie modelé par eux, notamment par l’agriculture. Il représente aujourd’hui une valeur, parfois fragile, susceptible d’influer directement sur l’activité touristique, essentielle à l’économie du village. Il lui a valu d’obtenir en 2021, avec Bonneval, le label Terre d’alpinisme de l’Unesco.

Le territoire de Bessans s’inclut dans celui de la Haute Maurienne, soit la vallée de l’Arc en amont de Modane jusqu’à la frontière italienne au col du Carro et aux sources de l’Arc ; il faut y adjoindre les vallées adjacentes du Ribon, d’Avérole et de la Lombarde. À noter que le col de la Madeleine, entre Lanslevillard et Bessans, marque dans la vallée une transition significative quant à l’altitude, au climat et à l’enneigement.

Bessans Jadis et Aujourd’hui s’attache à la mise en valeur du patrimoine sous toutes ses formes.

La géologie

Les montagnes sont limitrophes à l’adret avec le Parc National de la Vanoise et à l’est avec la frontière italienne du Piémont.

Les principaux sommets sont Charbonnel qui culmine à 3752m, l’Albaron sur le territoire de Bonneval sur Arc à 3637 m (avec une voie d’accès depuis la vallée d’Avérole), la Bessanèse à 3592 m, Tierce qui domine le village de sa belle pyramide à presque 3000 m, la pointe de Dom Jean Maurice à 3146 m avec ses trois croix étagées sur sa crête pour protéger le hameau du Villaron des avalanches, la Pointe de Ronce à 3612 m. Enfin Rochemelon, situé en territoire italien, reste un sommet fréquenté des Bessanais pour son pèlerinage annuel.

Les glaciers, comme partout dans les Alpes sont en constant recul ; les plus intéressants sont le glacier de Charbonnel, le glacier du Baounet, le glacier de Derrière le Clappier, les glaciers d’Arnès et de Rochemelon.Ils ont été récemment étudiés par le glaciologue Hugo Mansoux.

Les reliefs glaciaires témoignent de l’ancienne occupation des glaciers : vallées et vallons suspendus, moraines nues ou végétalisées, reliefs caractéristiques en bantsèss, roches lisses et moutonnées, goulettes, lacs.

Les torrents (Arc, Avérole, Ribon) et cascades ont été en grande partie captés par EDF pour alimenter, par conduite forcée, le barrage du Mont Cenis, mis en service en 1968.

Les roches : La commune de Bessans est située dans la zone géologique intra alpine qui est constituée par de vieux terrains qui ont cristallisé. Parmi les nombreuses roches on trouve, entre autres, serpentine, pierre ollaire, grenats.

La flore

La participation de plusieurs amis de BJA a permis d’enrichir considérablement le contenu de ce site en ce qui concerne la botanique en général. Une rubrique y est entièrement consacrée, accessible depuis la page d’accueil, avec, d’une part les fiches de Sylvie Serve sur la botanique en Savoie, d’autre part l’abécédaire des plantes du territoire bessanais. Pour découvrir toute la rubrique consacrée à la botanique cliquez ici

Certaines plantes sont des témoins de l’âge glaciaire : on peut citer l’édelweiss, la gentiane de koch, l’anémone soufrée, le safran printanier, la linaigrette, la laîche bicolore, le jonc de jacquin …

La flore de montagne est variable selon la nature du sol, l’altitude, l’exposition, l’humidité, la saison. Certaines espèces sont protégées. Parmi elles la gentiane asclépiade, le lis martagon, particulièrement présent dans le mélézein de Tierce.

Il faut distinguer les prés de fauche fumés à la flore abondante dans la vallée et certains alpages des pelouses d’altitude à la flore différente.

Il existe une flore spécifique des mégaphorbiae (lieux ombragés et humides) et tourbières où se compose la tourbe issue de la décomposition de végétaux dans des lieux humides tels que mares ou petits lacs en comblement.

La forêt de Bessans est en large majorité composée de mélèzes. On rencontre également des pins cembro, des épicéas, des trembles, des sorbiers, des bouleaux.

Le patrimoine botanique enrichit la panoplie des soins et remèdes dont l’homme dispose. Voir les remèdes présentés par Magali Samuel en rubrique Vie pratique sur ce site. https://bja-bessans.fr/savoirs/

À consulter : la revue n°67 de B.J.A. avec des articles sur les vertus des plantes étudiées par Magali Samuel,  la revue n°87 de B.J.A. rédigée par Marion Lett à partir de recherches personnelles et d’entretiens sur les usages des plantes, enfin l’ouvrage de Virginie Lapierre À travers plantes et saisons, La vie des hommes.

Le site du PNV http://www.vanoise-parcnational.fr/fr/des-connaissances/les-patrimoines/la-flore présente de façon détaillée le patrimoine naturel environnant.

La faune

Au gré de ses promenades, en fonction de ses horaires et de sa discrétion, le promeneur peut rencontrer marmottes, lien vers Marmotte.jpg renards, hermines, lièvres variables, chamois lien vers Chamois.jpg et bouquetins. Au ciel, ce sont oiseaux (perdrix lagopèdes), rapaces (gypaëtes, aigles, faucons), échassiers, cincles plongeurs, choucas, tétras-lyres, passereaux, passages de migrations. Le cincle plongeur ou merle d’eau plonge et chasse dans l’eau ; on l’observe facilement sur l’Arc surtout en hiver.

Du côté des batraciens, le crapaud calamite est une espèce protégée que l’on trouve dans de nombreux lacs. La grenouille rousse lien vers Grenouille.jpg peut vivre à une altitude élevée.

Dans la famille des insectes, les papillons apollons lien vers Papillon.jpg sont nombreux, y compris dans le village, sous les Hameaux de la Neige, par exemple. On peut aussi voir la  belle chenille lien vers Chenille.jpg verte et rouge du sphynx de l’euphorbe petit cyprès, le hanneton à écailles (hoplia farinosa lien vers Hanneton.jpg). Ce dernier vit en mimétisme avec les plantes supports. On le trouve en juillet notamment près du Villaron.

Le site du PNV http://www.vanoise-parcnational.fr/fr/des-connaissances/les-patrimoines/la-faune présente de façon détaillée le patrimoine naturel environnant.

Le patrimoine lié à l’occupation humaine

Les traces les plus anciennes concernent l’épigraphie (roches à serpentiformes, cupules, cerfs du rocher du Château), un site archéologique au même rocher du Château, restes d’exploitation de la pierre ollaire.

Un réseau dense de sentiers et chemins bordés de murs de pierres est très constitutif du paysage bessanais. Ils ont souvent été remplacés par des routes ou des pistes, mais il reste des portions intéressantes à préserver, avec une végétation particulière.

On trouve des escaliers taillés dans le rocher, comme au début de la montée au Solièt, des chemins empierrés, comme la karka des Vincendières.

Le plateau et les vallées adjacentes offrent des sentiers propices aux promenades faciles. Des itinéraires de randonnée balisés (GR 5 et Tour de la Bessanèse, celui-ci pour randonneurs expérimentés) constituent une ressource touristique intéressante.

Les barmes représentent la forme d’abri, voire d’habitat temporaire, le plus primitif. On en trouve un bel ensemble dans la vallée de la Lombarde. Voir revue n° 63 Bessans Jadis et Aujourd’hui.

L’épigraphie la plus récente est celle des bergers surtout entre 1700 et 1850. Les sites les plus importants et à préserver sont les Gaétès, les dalles du Solièt, Sur la Barme. Voir revue n°24 Bessans Jadis et aujourd’hui.

Afin de préserver ces témoignages précieux d’une présence humaine, il est important de ne pas marcher sur ces gravures.

L’agriculture et l’élevage

Durant des siècles les activités agropastorales ont été pratiquement les seules à faire vivre la population bessanaise, beaucoup plus importante en nombre qu’aujourd’hui.

Ces activités ancestrales et leurs corollaires saisonniers, comme l’hivernage du bétail en Val de Suse ou en Basse Maurienne ou la pratique de la vaine pâture, ont peu à peu, depuis le milieu du vingtième siècle, disparu pour laisser place à une mécanisation aujourd’hui omniprésente dans beaucoup de domaines : fauche et ramassage du foin, alimentation du bétail, traite des vaches, travail du lait…

Le dernier remembrement communal des années 1990 a participé, lui aussi, à cette mutation irréversible.

Le paysage bessanais a néanmoins conservé quelques traces encore visibles de ce passé : cultures de céréales (orge ou seigle) dans la vallée d’Avérole, moulins et fours à pain, modelés en terrasses des sols, murs et murgers d’épierrement, canaux d’irrigation et sources aménagées…

Quelques personnes gardent aussi en mémoire l’époque de la fauche avec le foin serré dans les trousses des prés de la plaine de Bessans à des dates précises, de celle des prairies d’alpage au Vallon et à la Buffaz jusque dans les endroits les plus reculés, la descente en été du foin d’alpage par les câbles porteurs dont on peut encore observer quelques infrastructures métalliques sur les crêtes, la descente en hiver, sur une piste gelée, à l’aide des bouissons, du foin stocké durant l’été dans les granges d’alpage.

Aujourd’hui ces prairies d’alpage ne sont plus fauchées ; les troupeaux de moutons de plus d’un millier de têtes, parfois venus de Provence, parcourent leurs vastes étendues de juillet à septembre, voire jusqu’aux premières neiges.

Le lait des brebis est utilisé depuis quelques années pour la fabrication de fromages et autres produits laitiers commercialisés sur place. Celui des vaches entre dans la fabrication du beaufort qui possède le label AOP (Appellation d’Origine Protégée).

Certaines habitations ont été restaurées à des fins d’accueil de loisirs ou de détente. Aujourd’hui l’inalpage avec montée du bétail pour la belle saison est pratiqué par un agriculteur au Vallon : la vie est donc toujours là.

L’apiculture est également toujours présente, dans quelques familles bessanaises ou du fait de la transhumance d’apiculteurs du département.

L’architecture

L’architecture du village en permet une lecture historique et culturelle. On peut distinguer, sur place ou à partir de photos anciennes :

– L’habitat traditionnel d’autrefois. Voir la revue n°56 de BJA.
– L’habitat traditionnel “modernisé” : Cour Cimaz, les Villas, la pension des Mélèzes
– Les premiers hôtels.
– L’habitat reconstruit et redimensionné après la guerre.
– L’habitat touristique (La Bessannaise, les maisons agricoles  transformées pour l’accueil)
– les ensembles résidentiels, Hameaux de la Neige, Conchettes, Chaudannes, Curtious, Clos Vanoise.

La Visite au cœur du village permet de découvrir le Bessans d’autrefois. Le livret Balade au cœur de Bessans est en vente à l’office de Tourisme ou sur ce site.

L’architecture des maisons et granges d’alpage est à découvrir sur les montagnes du Vallon, de la Buffaz, de la Mottuaz, de la vallée de Ribon et aussi d’Andagne, des Buffettes, d’Entre-deux-Ris et de la Carrelaire.

L’architecture des hameaux est spécifique et originale. L’exemple le plus typique et impressionnant paraît être celui des Vincendières avec l’ensemble de ses groupes de maisons, sa chapelle, associés à un moulin encore intact et des fours à pain, la grotte aux pommes de terre. Avérole, la Goulaz et le Villaron présentent aussi des caractéristiques remarquables.

Il subsiste des traces de hameaux : Cotte Route, Le Mollaret, l’Esseillon, sous Toulouse, ruines de la Chalp.

On peut encore trouver des moulins, témoins d’une agriculture céréalière aujourd’hui disparue (le Crey, les Charmasses).

Vies de quartiers, vies de hameaux

En 2023, Bessans Jadis et Aujourd’hui, en coordination avec la Commune, a conçu des panneaux qui permettent au visiteur de découvrir ce que la bâti raconte de l’histoire du village.

Le patrimoine religieux

La chapelle Saint-Antoine et ses fresques, l’église, les chapelles du village et des hameaux, les nombreux oratoires et les croix du calvaire (celles avec les instruments de la Passion) témoignent d’une pratique religieuse autrefois très forte. Ces édifices constituaient des repères importants sur tout le territoire de la commune et les chapelles marquaient les limites du village. Aujourd’hui, ils sont souvent restaurés. La chapelle Saint-Antoine, ouverte aux visites, est classée monument historique. Ses fresques datent du début du seizième siècle. Elles sont entièrement présentées dans le numéro 76 de la revue de BJA.

Un important statuaire, œuvre d’artistes locaux, trouve son inspiration dans les sujets religieux. Bessans est l’une des étapes de l’histoire de l’art baroque en Maurienne. Des ex-voto ornent les murs de la chapelle Notre-Dame des Grâces.

Plusieurs numéros de la revue de BJA, le livret sur La Chapelle Saint-Antoine et celui intitulé De Chapelles en oratoires, ainsi que des ouvrages accessibles en librairie sont consacrés aux traditions, aux édifices, aux œuvres d’art à caractère religieux.

Le patrimoine historique

Il est transmis oralement et par écrit.

Quelques faits marquants :
– L’invasion des Sarrasins.
– La Révolution.
– Le rattachement de la Savoie à la France en 1860.
– L’émigration des Bessanais et son influence sur la vie du village.
– Les deux guerres et l’incendie du village, en 1944.
– La crue de l’Arc en 1957 qui a emporté plusieurs constructions.
– La création du Parc National de la Vanoise.
– Le développement du tourisme, avec l’alpinisme, le ski nordique (création du Centre école de la Bessannaise, Marathon de Bessans) et de nouvelles façons d’arpenter le vaste plateau bessanais. Voir les numéros de la revue de BJA  78 (Sur les traces du Nordique) et 85 (Accueil et tourisme).

Les traditions

Les costumes traditionnels, essentiellement féminins, de fête et de tous les jours (porté par quelques Bessanaises jusque dans les années 1980) continuent de susciter l’intérêt. Les événements comme la procession du Quinze août, les mariages sont des occasions de mettre en valeur les coiffes, les châles, les bijoux… Voir la revue n°66 de BJA. L’association Notre héritage, costumes et Noëls bessanais effectue un travail de recherche, de réalisation et d’exposition majeur en la matière.

Le patois bessanais utilisé durant des générations appartient au domaine linguistique francoprovençal. L’aire de ce dernier englobe, entre autres, la Savoie, le Val d’Aoste et une partie du Piémont, zone frontalière jusqu’à Suse. Cette communauté de langage a favorisé durant des siècles et jusqu’à aujourd’hui des liens privilégiés avec nos voisins transalpins. Ce site propose une rubrique à écouter et à lire, entièrement dédiée au patois.

Une évocation du cadre de vie d’autrefois, dans des maisons comportant un logis-étable semi-enterré, avec cohabitaiton des hommes et des animaux, est présentée dans l‘Érhablo, situé dans la maison de l’Office de Tourisme.

Les traditions religieuses sont marquées par des messes dans les nombreuses chapelles du territoire ainsi que par des pèlerinages au sommet de Tierce, le 16 juillet et à la pointe de Rochemelon, le 5 août.

Les traditions liées à la vie quotidienne sont nombreuses. Elles concernent la cuisine, avec le travail des produits laitiers,  les recettes spécifiques (agnelos, farcis) ou les soins. Voir rubrique Vie pratique sur ce site de Bessans Jadis et Aujourd’hui. https://bja-bessans.fr/savoirs/

Bessans possédait tout un patrimoine de jeux, dont les glissades collectives sur glace, les gaètes, de chansons, d’histoires que l’on racontait à la veillée. Les légendes dont le Diable est un protagoniste sont encore en faveur ; la plus célèbre est celle de Duvallon.

Le travail du bois a longtemps été présent dans la vie agricole (outils, ustensiles divers). La très ancienne tradition de sculpture se perpétue aujourd’hui, essentiellement à travers le personnage du Diable.

La tradition de liens et de retrouvailles avec Balme et d’autres villages italiens reste vivante.

Un patrimoine documentaire vivant

Reconnu de longue date, le patrimoine de Bessans a suscité la rédaction de nombreux ouvrages. Les principaux auteurs ayant écrit sur Bessans sont l’ethnologue Eugénie Goldstern, qui a étudié le village en 1913, Madeleine Triandafil, Suzanne Bourgeois, Francis Tracq, Bernard Poche, Annie Chazal. Plus largement, la Haute Maurienne a été et resté l’objet d’études et de publications consultables sur demande à la bibliothèque de Bessans Jadis et Aujourd’hui.

La Toponymie et les Mémoires d’alpages d’Annie Chazal permettent une appropriation très fine du territoire géographique et humain.
https://bja-bessans.fr/les-publications/

L’ouvrage de Giorgio Inaudi et Francis Tracq s’intéresse aux rapports entre Savoie et Piémont, à travers des histoires de bergers, contrebandiers et guides. https://bja-bessans.fr/les-publications/

La musique est aussi à l’honneur avec le livre CD Bessans qui chante et le CD Noé novel. https://bja-bessans.fr/les-publications/

On trouvera sur ce site quelques aspects de la documentation audio-visuelle conséquente (enregistrements, films, photos) collectée par Bessans Jadis et Aujourd’hui.

L’étude de la généalogie permet aussi une approche transversale intéressante de l’histoire et de l’évolution du village.

Avec l’édition d’un dictionnaire réalisé par des Bessanais l’ayant pratiqué, le patois du village connaît un regain d’intérêt. Une rubrique spécifique lui est consacrée sur ce site. Cliquez ici

Les expositions régulièrement organisées tant par l’association Notre héritage, costumes et Noëls bessanais que par Bessans Jadis et Aujourd’hui constituent une mise en perspective du patrimoine. Il s’agit de partager cette culture sans lui faire perdre son âme, en sachant lui réinsuffler sens et nouveauté.

Association Bessans jadis et aujourd’hui

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