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Le Patois
Le Dico à l’envers
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Le Dico à l’envers
En 2021, BJA a fait paraître un dictionnaire Patois bessanais/Français (voir Publications). Nous vous proposons ici un outil supplémentaire pour son utilisation, avec la version inversée, Français/Bessanais. Vous pouvez télécharger ce document. À noter que le dictionnaire Patois bessanais/Français sous sa forme papier propose des phrases d’exemple et des illustrations.
Le vocabulaire sonore
Pour écouter la “musique” du patois bessanais, des mots classés par ordre alphabétique, intégrés dans des phrases et restitués par les membres de la Commission patois de BJA.
Un dialogue exceptionnel
En janvier 1984, deux Bessanais, Augustin Bison et Jean-Baptiste Parrour, ont improvisé, en patois, un dialogue qui évoque une journée consacrée aux “buissons”.
L’outil principal, le harnais, était fait d’un arc de cercle en bois prolongé par trois bâtons, eux-mêmes prolongés par trois cordes, les “longes”. Le harnais était complété par cinq cordes libres munies chacune d’une “troyé”, anneau de bois percé. Le foin était entassé, tassé et retassé, lié par couches successives jusqu’à former une sorte de cône tronqué de 200 à 240 kilogrammes. Puis la descente commençait. L’homme, attelé à son buisson, devait tirer vers l’avant si la pente était faible ou la neige ramollie, plus souvent freiner de toutes ses forces, le dos calant l’avant du buisson sur les pentes verglacées. Images d’un temps révolu, puisque cette forme de travail s’est perdue avec la dernière guerre.
Le dialogue retrace, depuis le réveil jusqu’au retour au village, une de ces journées d’un travail rude, “sportif” et dangereux, mené par des températures extrêmes .
Jean de la Fontaine à Bessans
En août 2019, la sortie annuelle de BJA conduisait les participants au hameau d’Avérole. Après le pique-nique, Célestin Personnaz, dit Tin d’Avérole, offrait sa version personnelle de la fable de Jean de La Fontaine, Le Corbeau et le renard.
Quelques expressions et dictons en patois bessanais 3/3
Expression 42 : Bon ant, la sinda din sa mondô, é lô paadis din l’atrô !
Micheline P., Jean Th., Joëlle M., Giorgio I., Alain F., Claude P., Francis T. , Marie-Do P., Monique et François B., Jacques D. et d’autres ont traduit. “Bonne année, la santé dans ce monde et le paradis dans l’autre!”
Expression 41 : La konchinsé trinkilo iz égn bon keûsseûgn.
M.B., M.P. « La conscience tranquille est un bon cousin »
G.I. « La conscience tranquille est un bon oreiller »
P.B. » La conscience tranquille est un bon cousin ». – Avoir bonne conscience, est apprècié/ est de tout repos/est essentiel et sûr.; (image qui, à l’occasion, laisse la porte ouverte à l’appréciation du rôle que peuvent avoir parfois cousins et proches!)
M et F. B. , F.T. et la Commission patois : « La conscience tranquille est un bon coussin » On peut,dormir en paix. Une mauvaise conscience empêche de dormir !
Expression 40 : Na man lavé l’atro, lé deûés lavont lô môrô.
M.P., G.I., F.T. « Une main lave l’autre, les deux lavent le visage… «
P.B. « Une main lave l’autre ( et vice et versa), les deux lavent le visage », (séquence on ne peut plus ancestrale).
F.P. en donne la signification: On doit s’entraider pour que le travail soit efficace.
La Commission patois: Une main lave l’autre, les deux lavent la figure, il faut se rendre service mutuellement.
Expression 39 (pour le 28 octobre et le 11 juin) : A la sin Simon, ahatsingn lé vatsés, a la sin Barnabé, lé déhatsingn.
F.T. « À la saint Simon, attachons les vaches, à la saint Barnabé, détachons-les. »
M.P., V.P., A.F., J-L. P. « À la saint Simon, on attache les vaches (on les rentre à l’étable pour l’hiver), à la saint Barnabé (le 11 juin), on les détache (elles vont pâturer dans les prés. »
M.J. a remarqué avec beaucoup de perspicacité la coïncidence entre ce dicton ancien et l’actualité la plus brûlante. Elle propose cette version humoristique :“À la saint Simon on rentre les vaches, à la saint Barnabé (autrement dit à la saint Glinglin…) on nous ressortira peut-être…”
Expression 38 : Ki bièn baré bièn débaré.
P.B. « Qui garde/contrôle bien, autorise/libère bien » ; formation exigeante, donne bonne capacité d’agir ensuite.
La Commission patois : Si tu prends des précautions, tu n’auras pas de problèmes.
Expression 37 : I pa lô tot dé lavassé dé bon ouo, i d’arvoua a.
M. F. , P.B. ,G.I., M.B., Mimi, F.P. “C’est pas tout de se lever de bonne heure, il faut arriver à l’heure.”
La Commission patois : Ce n’est pas le tout de se lever de bonne heure, il faut arriver à l’heure.
Expression 36 : Ô la pa plu tô son bon.
M.B. “Il n’a plus tout son bon” : il a perdu la raison/la tête.
M. F. “Il a plus toute sa tête.”
P.B. « Il n’a plus tout son bon », il a perdu certaines de ses facultés intellectuelles ou mentales.
Mimi « Il n’a plus son bon sens », il a perdu la tête…
G.I. Il n’est plus la personne qu’il était avec la tête.
La Commission patois : Il n’a plus toute sa tête.
Expression 35 : Lô déssandô, fèt tôdzôr bél pè ké l’Inteûrdamo fazissé sétché lô pios dou bambégn.
M.B. “Le samedi, il fait toujours beau, pour que Notre-Dame fasse sécher les langes/couches des enfants.«
P.B. “Le samedi, il fait toujours beau, pour que la Sainte Vierge fasse sécher les pieds de l’Enfant Jésus…”
G.I. “Le samedi il fait toujours beau pour que Notre Dame puisse faire secher les pieds de l’Enfant Jésus.”
La Commission patois : Le samedi, il fait toujours beau, pour que Notre Dame fasse sécher les langes de l’enfant Jésus.
Expression 34 : I breût dé véni viéy, é kouo plu breût dé si trova ..
P.B. “Il est vilain/PAS bien de devenir vieux, et encore PLUS Vilain/moins bien de se sentir »; il n’est pas agréable de vieillir et encore plus désagréable de se sentir vieillir.
Mimi. “Ce n’est pas beau de devenir vieux, mais davantage encore de l’être.” M.B. “C’est « moche » de devenir vieux, c’est en core plus moche d’être (déjà) vieux.”
F.P. “C’est laid de devenir vieux, c’est encore plus laid de l’être”.
G.I. À Balme, on dit : “I breût dé véni viéy, ma i est plu breût dé muri djeun…”
La Commission patois : “Ce n’est pas beau de devenir vieux, et encore pire de s’y trouver.”
Expression 33 : Voô mious ké l’èrbo atindissé lé béhiés ké lé béhiés atindissont l’èrbo.
F.P. “Il vaut mieux que l’herbe attende les bêtes, que les bêtes attendent l’herbe”, il ne faut pas sortir les bêtes trop tôt et attendre que l’herbe pousse.
Mimi. “Il vaut mieux que l’herbe attende les bêtes (le bétail), que les bêtes attendent l’herbe”.
P.B. “Il vaut mieux que l’herbe attende les bêtes que les bêtes attendent l’herbe”, il vaut mieux que l’herbe/le fourrage soit disponible, plutôt que les bêtes en manquent.
M.B. “Il vaut mieux que l’herbe attende les bêtes plutôt que les bêtes attendent l’herbe”, il faut des réserves plutôt que devoir pallier un manque.
G.I. C’est mieux d’attendre que l’herbe soit abondante avant de commencer le paturage.
A.F. Expression que l’on entendait lorsque le bétail devait sortir (“lardjé lé béhiés”) pour la première fois après la saison d’hiver. Il fallait qu’il y ait assez d’herbe pour qu’il puisse se nourrir convenablement ; il y avait une prévision de date qui variait en fonction des conditions climatiques et de la poussée de l’herbe…
La Commission patois : Il vaut mieux que l’herbe attende le bétail plutôt que le bétail attende l’herbe.
Expression 32 : I na frayé din la goulo dégn anô.
M.B. Il y a une fraise dans la bouche d’un âne ? Il vaut mieux que l’herbe attende les betes , que les betes attendent l’herbe
P.B. “C’est une fraise dans la gorge d’un âne” équivalent de “donner de la confiture aux cochons” : faire un cadeau, apporter une finesse qui ne peuventt être appréciés comme tels, à leur juste valeur, ou qui sont tout simplement gaspillés.
G.I. “Comme une fraise dans la bouche d’un âne” (ce n’est rien pour la faim de quelqu’un).
P.P. “Une fraise dans la bouche d’un âne” signifie: l’action n’ est ni méritée, ni en correspondance à la dite personne concernée.
T.P. C’est une fraise dans la gueule d’un âne. Comme de la confiture à un cochon. Ce n’est pas apprécié à sa juste valeur.
La Commission patois : “C’est une fraise dans la gueule d’un âne”, une nourriture trop bonne pour la personne qui ne l’apprécie pas (comme donner de la confiture aux cochons).
Expression 31 : Ô lot lé plotés blantsés.
M-F. “Il a les jambes blanches”.
G.I. “Il a les pattes blanches”, mais je ne comprend pas… Faire le sale boulot? Il veut rester dehors de quelque chose… «
P.B. “Il a les pattes blanches” est l’équivalent de notre “Il a les mains blanches”, il n’est pas mêlé à l’affaire, il est innocent. « C’est une fraise dans la gorge d’un âne » équivalent de » donner de la confiture aux cochons »: faire un cadeau, apporter une finesse qui ne peuventt être appréciés comme tels, à leur juste valeur, ou qui sont tout simplement gaspillés.
Mimi. “Il a les mains blanches”, elles sont BLANCHES puisqu’il ne travaille pas de ses mains.
La Commission patois : “Il a les pattes blanches”, il peut faire ce qu’il veut, il est privilégié (il a les gants blancs).
Expression 30 : L’amour i pa égn kassul.
M-F. “L’amour n’est pas une louche”. Peut effectivement s’interpréter de différentes manières.
Mimi. LITTÉRALEMENT “L’amour n’est pas une LOUCHE”.
F.P. “L’amour n’est pas une louche” . L’amour est quelque chose de sérieux.
P.P. “L’amour n’est pas une louche”, n’est pas un contenant c’est à dire inépuisable, intarissable (il faut donc l’entretenir, le favoriser).
P.B. “L’amour n’est pas une louche”. L’amour est chose importante, ce n’est pas une louche qui peut servir à tout et être rangée quelque part.
H.P. Comme dirait Alfred : “On ne badine pas avec l’amour”.
La Commission patois : littéralement “L’amour n’est pas une louche !”
explication: l’amour, c’est sérieux.
Expression 29 : Lô papèy iz égn bon anô, pôrté bon é gramô.
P.B. « Le papier/l’écrit est un bon âne, il porte/apporte le bon et le mauvais »
– ce qui est écrit reste , le bon comme le mauvais.
J-C.P. “Le papier est un bon âne… Il porte le bon et le mauvais…”
F.P. L’expression date d’avant les carrioles. Presque tous les transports s’effectuaient à dos d’âne. Le sens est donc beaucoup plus fort qu’aujourd’hui.
M.B. « Le papier est un bon âne, il porte le bon et le mauvais » : Le papier peut tout transporter le bon comme le mauvais. Il peut tout faire savoir, le meilleur comme le pire.
A.F. « Le papier est un bon (âne) support on peut écrire le bon et le mauvais ». Bref, le papier garde toutes les traces bonnes ou mauvaises.
La Commission patois : ”Le papier est un bon âne, il porte le bon et le mauvais », sur le papier on peut écrire le bon comme le mauvais.
Quelques expressions et dictons en patois bessanais 2/3
Expression 28 : Ta la sèro dé travèrs.
P.B. 1. « Tu as le soir de travers »: tu es de mauvaise humeur le soir/ ce soir
2. « Tu as le sérum de travers »: tu es de mauvaise humeur/tu es mal tourné.
G.I. “Tu as une mauvaise cire” (une mauvaise mine, tu es en colère). La « cire » serait le visage (en patois de Balme « lo Moro »).
F.P. “Tu as la frange (des cheveux) de travers”, tu fais la tête.
P.P. “Tu as la tête de travers”, ce qui signifie être de mauvaise humeur.
A.F. et la Commission patois : “Tu as la mèche de travers”, tu es mal luné.
Expression 27 : Triyé sé tsoôssés.
A.F. « Tirer ses chaussettes » être sur le point de rendre l’âme.
M-F. « Remonter ses chaussettes » .
G.I. “Tirer ses chaussettes”, mourir. A. F. a raison : plus que mourir, c’est « être à l’agonie ». Cela se dit aussi en Piémont, tandis que, en italien, on dit « tirare le cuoia », les “cuia” étant des « ficelles de cuir”, probablement pour indiquer les spasmes de l’agonie.
P.B. « Tirer/remonter ses chaussettes”, 1. remettre de l’ordre dans sa tenue vestimentaire, 2. se dégager d’une situation à risques.
H.P. Il ne semble pas y avoir d’expression en français ayant le même sens. “Tirer les chausses ” veut dire s’enfuir. Par contre, en patois de Tignes, “Tïï sè sassè” , traduit par “tirer ses chaussettes” signifie “faire les derniers soubressauts avant de mourir, par exemple pour une bête qu’on a tuée (vu sur le web).
La Commission patois : “Tirer ses chaussettes”, être mourant.
Expression 26 :Ô la béta mé lo, dzè béta mé n’eûtchégn.
G.I. “Lui, il m’a fait du tort et moi, je me suis mis une boucle d’oreille” ; c’est à dire, je vais me le rappeler.
P.B. “Où il m’a porté tort/provoqué, je me suis mis une boucle à l’oreille/ un anneau de rappel ” (je ne l’oublierai pas).
T.P. Il me l’a mis, je me suis mis une boucle d’oreille. Différemment : Il m’a eu et je m’en souviendrai la prochaine fois à l’aide de mon pense-bête.
La Commission patois : “Il m’a fait une crasse, je me suis mis une boucle d’oreille”, je m’en souviendrai.
Expression 25 : Bèssans sèn’so fin’ é Suzé sén’so vén’, lô mondô vèt a sa fén’.
– A.F. « Bessans sans foin et Suse sans vin et le monde va à sa fin » adage des périodes de mauvaises récoltes.
– G.I. “Bessans sans foin, Suse sens vent, le monde va finir.” « Lui, il m’a fait du tort et moi je vais me le rappeler. »
– P.B. » Bessans sans foin et Suse sans vin… », sans doute pour les années de mauvaises récoltes, mais simplement pour souligner le centre d’intérêt/ de préoccupation majeur de la zone.
La Commission patois : Autrefois, Bessans était réputé pour être le pays du foin et Suse le pays du vin… Donc si Bessans n’a plus de foin et Suse plus de vin, c’est la fin du monde !
Expression 24 :Dzè beûy la folié.
– M-F. « Je bois la feuille »; je crois ce qui est écrit. Ou bien synonyme de “J’ai avalé la commission”. « Bessans sans foin et Suse sans vin et le monde va à sa fin » adage des périodes de mauvaises récoltes
– P.B. « J’ai bu la feuille »….. L’information,écrite ou non me parait crédible. Deuxième proposition : J’ai lu et avalé la feuille et son message, je ne dirai rien. 3ième proposition: »J’ai bu la folie ». J’ai beaucoup bu.
– P.P. traduction littérale: “j’ai bu la feuille”, ce qui signifie: j’ai oublié de faire ou de dire ce qui a été demandé.
– G.I. “Je bois la feuille” ( j’ai decouvert le truc, le mensonge. En italien « je mange la feuille »).
– F.P. « J’ai bu la feuille ». L’information, écrite ou non me parait crédible. Sens plus fréquent : « J’ai oublié ».
La Commission patois : “J’ai bu la feuille”, équivalent de l’expression en français “J’ai mangé la commission », c’est à dire “j’ai oublié”.
Expression 23 : Tô lô grôps vénont oô péniô.
– P.B. « Tous les nœuds viennent aux peignes », toutes les embrouilles/les difficultés arrivent à être démêlées ». 2ème sens: Tous les « nœuds » cachés/les imperfections dissimulées/les anomalies, sont révélés/ées par le passage du peigne.
– M-F “Tous les noeuds viennent au peigne”, soit tous les problèmes se rejoignent.
– G.I. “Tous les noeuds arrivent aux combes” , tous les problèmes cachés enfin seront découverts ; se dit aussi en italien.
– A.F. Mot à mot : « Tous les nœuds arrivent au peigne » ; selon l’adage Français » à force de tirer sur la corde, tu vas le payer »…
– F.P. « Tous les noeuds viennent au peigne ». Tous les ennuis s’accumulent et il faut bien les régler un jour.
– T.P. Dans une chevelure emmêlée, le peigne s’arrête quand il y a des noeuds. Les ennuis arrivent toujours à point qu’on le veuille ou non.
La Commission patois : Tous les nœuds viennent au peigne : à force de tirer sur la corde, on finit par le payer, en vieillissant on paie les excès passés.
Expression 22 : Sé té vès a l’Ehot, prin to sin ké fot.
– M-F “Si tu vas à l’Écot, prends ce qu’il te faut”, c’est à dire prends tout ce dont tu as besoin car c’est un peu loin et tu ne trouveras rien sur place.
– G.I.“Si tu vas à l’Écot, prends ce qu’il faut” (Il faut porter son ravitaillement).
– M.B. “Si tu vas à l’Écot, prends ce qu’il te faut”, (car là-bas, il n’y a rien).
– P.B. » Si tu vas à l’Écot, prends tout ce qu’il faut » (rime)
– Compte tenu de l’éloignement et de l’isolement de l’Écot, prends tout ce dont tu as besoin, car il n’y a rien sur place.
– C’était aussi souvent le cas pour les alpages, à 1h30 de marche de Bessans, sans portable et sans talkie-walkie.
– A.F. “Si tu vas à l’Écot, prends ce qu’il te faut”, quand tu vas dans un coin perdu , emporte le nécessaire. Ce qui veut dire que, à Bessans, on pensait que l’Écot était un coin perdu… sans autre commentaire.
La Commission patois : Si tu vas dans un coin perdu (comme l’Écot), apporte le nécessaire.
Expression 21 : Vriyé folièt.
– G.I. “Tourner page… ” Cette expression existe aussi, non pas en patois de Balme, mais en italien pour dire « passer à autre chose ».
– M-F « Tourner la page” !!?
– P.B. « Tourner la page/le feuillet »
– Oublier cette affaire – Ne plus parler du sujet.
– Nous sommes quittes – Arrêter la discussion en cours.
– Mimi “Tourner la page”, oublier, passer à autre chose, à un autre sujet.
– La Commission patois : Tourner la page, passer à autre chose.
Expression 20 : É yot pa plus dé déssandô sènsa slèy ké dé féliés sènz amour.
– P.B.« Il n’y a pas plus de samedi sans soleil que de filles sans amour » – Il fait plutôt beau le samedi/Le samedi est apprécié. – Valable pour la météo comme pour le moral.
– K. R., G.I. La Commission patois : “Il n’y a pas plus de samedi sans soleil que de fille sans amour…”
Expression 19 : ô èètégn pa mèké dou pras é d’lé tèrés .
M-F. “On hérite pas seulement des prés et des terres”, ç est à dire qu’il n’y a pas seulement les avantages il y a aussi les inconvénients.
G.I. “Ils n’héritent pas seulement des prés et des champs” (Il y a des choses plus impotantes que la propriété). Mais il y a peut-être une autre interprétation.
K.R. “On n’hérite pas seulement des prés et des terres”.
P.B. “On n’ hérite pas seulement des prés et des terres ». Expression en général peu indulgente pour dire: on hérite aussi de tout le reste qui peut se transmettre: génétique, caractères, habitudes familiales.
La Commission patois : “On n’hérite pas que des prés et des terres”, c’est-à-dire pas que des biens matériels, par exemple l’hérédité.
Expression 18 : Pè la déssègnto, lô babiôs soôtont.
F.P. “Par la descente, les crapauds sautent” les souffreteux peinent à la montée, par contre ils descendent beaucoup mieux.
P.B. “Par la descente , les grenouilles/crapauds sautent”
– Même pour les moins agiles/les maladroits, il est plus facile de briller à la descente/de réussir ce qu’ils font.
M.B.“Par la descente, les grenouilles sautent” : en descendant, c’est plus facile.
K.R. “Par la descente les crapauds sautent.”
La Commission patois : “À la descente, les crapauds sautent” ; la descente est toujorus plus facile que la montée. Se dit aussi au sujet de quelqu’un qui réalise une chose facile et s’en vante.
Expression 17 : Négn parlégn poués kan lô krézeûyl lié mort.
Mimi : “Nous en parlerons lorsque le quinquet s’éteindra” (n’aura plus d’huile). C’est à dire jamais.
M-F. “On en parlera quand la lampe sera éteinte”, c’est à dire on en parlera entre nous.
G.I. “Nous en parlerons quand la lanterne sera éteinte” ( quand personne ne pourra nous écouter).
K.R. “Ne parle pas autant quand la lumière s’éteint”.
R.B. On en parlera à ce moment-là. On disait aussi : “Négn parlégn poués kan lô krézeûyl lie suit.”
A.F. « On en parle quand la lampe à huile est éteinte » pour dire simplement « on en parle plus tard ».
P.P. “On en parlera quand la lampe à huile( lumière) sera éteinte” ; c’est à dire en parler en comité restreint, à huit clos, entre soi.
La Commission patois :“On en parlera quand la lampe à huile sera éteinte”, c’est-à-dire on en parlera plus tard, ou on en parlera quand on sera entre nous.
Expression 16 : Ki lô fèt lô lètsé.
M-F. “Qui le fait le lèche”, je connaissais pas l’expression, mais je suppose : qui fait un enfant s’en occupe.
P.B. “Qui le fait le lèche”. (Lècher son petit qui vient de naitre, est le signe essentiel de reconnaissance par la mère, chez les animaux).
– Assumer et prendre en charge les conséquences de ses actes.
La Commission patois :“Qui les fait les lèche” : celui qui a des enfants s’en occupe.
Expression 15 : Ô lot tôdzôr sèt dôlôrs é na playé (ou na pointa)
P.B. » Il a toujours sept douleurs et une plaie ». Il se plaint toujours de tout/Il n’est jamais content.
G.I. Il est hypocondriaque, il se plaint toujours de quelque mal.
A.F. Pour décrire quelqu’un qui se plaint tout le temps : »il a toujours sept douleurs c’est quelqu’un de pénible. »
La Commission patois :“Il a toujours sept douleurs et une plaie (ou un point de côté)” : il se plaint tout le temps
Quelques expressions et dictons en patois bessanais 1/3
Expression 14 : La ralava dou dévègndrô dué kômé lô pan tingndrô.
T.P. “La relevée du vendredi ne dure que la durée d’un pain tendre » Autrement dit, s’il fait beau le vendredi, il pleuvra dimanche, le temps ne peut pas rester longtemps au clair.
G.I. “Le changement du vendredi dure comme le pain frais.”
P.B. « La relevée du vendredi dure comme pain tendre/frais »
Le plaisir/ le charme/la vigueur du vendredi ne dure pas longtemps.
M.B.“La relevée du vendredi dure comme le pain tendre” : le mieux du vendredi « météo » ne dure pas plus longtemps que la fraîcheur du pain.
M-F.“La relevée du vendredi dure le temps du pain tendre”,
c’est a dire si le temps s’arrange le vendredi ça ne dure pas longtemps.
La Commission patois :“La relevée du vendredi ne dure pas plus qu’un pain frais” : si le temps se remet au beau le vendredi, ça ne durera pas.
Expression 13 : Kan lô kul lié frupô, Guieû vén’ djeûsto.
P.B.« Quand le derrière est usé/abimé, Dieu vient à propos »
1.Quand on a plus rien, on se tourne vers la religion
2. Quand on a perdu tous ses charmes, seul Dieu peut aider.
M.B. Oh, quelle phrase bizarre ! Je dirais : quand le cul est …frupo, = idée de qq chose de très simple, nature, sobre, minimaliste, ….. Dieu vient « seulement » ? Je donne ma langue au chat…
G. I. – “Quand le cul est usé, Dieu vient juste” (quand il n’est plus possible de pécher, alors on devient un bon chrétien).
– Quand que le cul est usé, alors Dieu vient à propos ( lorsque l’on est vieux, on ne peut plus faire l’amour, alors on devient bon chrétien).
P. P. “Quand le derrière est usé, dieu vient juste”, c’est à dire quand on ne peut plus user de ses charmes alors on se met à prier (on se tourne vers la religion).
F. P. propose une variante : Kan lô kul lié frupô, lo paters arrùvont. Ce n’est plus Dieu qui est évoqué, mais ce sont les « Pater (noster) » qui arrivent. Le sens reste le même.
La Commission patois : “Quand le cul est usé, Dieu arrive”, quand on est trop vieux pour faire l’amour, on se tourne vers la religion.
Expression 12 : Faé la ratélo.
P.P.“Rester en arrière plan” c’est à dire: refuser d’agir et se faire attendre.
M-F. Traîner, ne pas avoir d’entrain pour faire quelque chose.
M.B. Traîner, avancer de mauvaise grâce…
T.P. Faire le rateau. On dit cela de quelqu’un qui traîne toujours derrière, en retard pour exécuter ce qui ne lui plaît pas.
F.P. Y aller à contrecoeur.
La Commission Patois : Tirer au flan, rester en arrière.
Expression 11 : Té mandés lé poolés kém égn anô lô pès.
P.B. « Tu envoies les paroles/les mots, qui mènent/ qui apportent, le poids » Tu dis ce qui apporte raison, conclusion, argument de poids.
A.P. “Tu envoies ( lances) les mots comme un âne le pied ”(la ruade)= tes mots font mal.
J-C. P. “Tu envoies des paroles comme un âne les poids”. Tu dis n’importe quoi.
P.P. “Tu envoies des paroles comme un âne des pets”, c’est à dire quelqu’un qui parle trop facilement, sans réfléchir à ce qu’il va dire ni aux conséquences qui peuvent en découler.
J-L. P. et- La Commission Patois : “Tu envoies les paroles comme un âne les pets”. Tu parles à tort et à travers, sans discernement.
Expression 10: Lié zou ot din la foôdélo.
J-C. P. “Il est sous le tablier (féminin).” Il y a un bébé sous roche.
P.B. « Il est chaud dans le tablier ». Le tablier de l’habit féminin courant bessanais était souvent utilisé comme pochon pour emporter de façon sûre, et parfois discrète, petits objets ou denrées. L’image du pain chaud ou d’un produit tout frais est utilisée, mais pour évoquer une nouvelle, un secret, relater un évènement récent et sensible.
A.F. « Elle l’a dans le tablier » en voulant signifier par là : « elle est enceinte ». Plusieurs expressions signifiaient cet état de fait.
– La Commission Patois : “Elle l’a dans le tablier” ; expression pour dire qu’une femme est enceinte.
Expression 9 : Lo béta lô karkavél ô tsot.
F.P. “Il a mis la clochette au chat.” Cela va être colporté partout.
A. F. “Il (ou elle) a mis le grelot au chat” . Il (ou elle) a voulu informer tout le monde. Se disait aussi parfois pour quelqu’un(e) qui colportait des « cancans ».
P. B.“Il a mis la clochette au chat.” Si le chat bouge, je sais qu’il bouge, si le chat va quelque part , je sais, ou je suis averti qu’il va quelque part.–
– La Commission Patois : “Il a mis la clochette au chat” ; il a voulu le faire savoir à tout le monde.
Expression 8 : Pèïla égn peûyl pè faé na blago a tabok.
– T.P. “Peler un pou pour faire une blague à tabac”. Comme il est impossible de peler un pou, il est aussi impossible de fabriquer une blague à tabac.
– A.F. Mot à mot du patois bessanais : « Peler un pou pour faire une blague à tabac » soit « chercher des poux dans la tête » ou bien » importuner quelqu’un pour quelque chose d’insignifiant ».
– La Commission Patois : “Peler un pou pour faire une blague à tabac”. Encore une expression qui signifie “être très avare”.
Expression 7 : Lonk kômé la kaèmo
– Mimi. Long comme carême.
– M-F. Long comme un carême. Se dit d’un temps qui n’en finit pas. Peut aussi qualifier une personne très grande, qui n’en finit pas non plus !
– La Commission Patois : Long comme le carême.
Expression 6 : Ô l’ahatsé pa son tségn avo dé soôtissés
– M.B., M-F. Il n’attache pas son chien avec des saucisses.
– G.I. Il ne donne pas des saucissons à son chien (il est pauvre…). Ce serait l’équivalent d’une expression de Balme : Il n’y a pas du lard pour les chats.
– V.P. On n’attache pas le chien avec des saucisses.
– A.P. Il ne nourrit pas son chien avec des saucisses. Il n’a pas trop à manger lui même. En italien « non c’è trippa per gatti ».
– J-L. P. Il n’attache pas son chien avec des saucisses. Se dit en parlant d’une personne très avare.
– H. P. En français en tout cas, l’expression “Il n’attache pas son chien avec des saucisses” qualifie bien quelqu’un de radin, près de ses sous. Un peu comme “Il ne crache pas de peur d’avoir soif…” Mais, même si vous êtes très généreux, abstenez-vous de cracher en ce moment…
– P. B. Pour ma part, j’ai toujours entendu cette expression sans la négation, à savoir, “il attache son chien avec des saucisses”, pour désigner une erreur, une mauvaise décision, une solution qui n’en n’est pas une, une imprévision de l’avenir…
– La Commission Patois : “Il n’attache pas son chien avec des saucisses”, il est radin.
Expression 5 : Lô dzeinô d’lé kiotsés
– M.F. Le jeûne des cloches, « les cloches » étant les marmites, dans le cas présent.
– P. B. Ce peut être aussi selon orthographe et prononciation :
1 » la gêne causée par les cloches » en particulier pour les riverains immédiats quand celles-ci sont activées.
2. » le signe donné les cloches » c’est à dire le message délivré l’activation des cloches.
– P. P. « Le jeûne des cloches »: c’est à dire l’arrêt du son des cloches parties à Rome pour Pâques.
– J-L. P. Autrefois, jusque vers 1950, pendant la Semaine Sainte, certains fidèles observaient “le jeûne des cloches”. Les cloches “partaient à Rome” à la messe du matin, le jeudi saint, et “revenaient” à la messe du jour de Pâques. Pendant ces 3 jours elles ne sonnaient plus, les pratiquants jeûnaient, ils consommaient uniquement un peu de café…
– A.F. Il s’agit bien comme le dit JL P de la période de privation que s’imposaient certains croyants durant « l’escapade » des « klôtsés » à Rome à partir du vendredi saint.
– La Commission Patois : Le jeûne des cloches.
Expression 4 : Tchaké teûpégn trôvé son kravèrsél
– Mimi “Chaque pot trouve son couvercle.
– Agnès P. Chaque pichet trouve son couvercle.
– M.F Chaque pot trouve son couvercle, c’est un peu comme trouver chaussure à son pied.
– Alain F. Équivalent de l’adage français : « trouver chaussure à son pied » dans tous les sens du terme.
– P. Boniface L’expression peut être utilisée dans différents contextes.
1- Personnes : « Chacun trouve quelqu’un qui lui convient » même si cela n’est pas évident au départ.
2- Matériel : ajustement difficile d’une pièce qui trouve solution, pierre qui tout d’un coup résoud l’harmonie de la construction d’un mur pour le maçon.
3- Langage : réplique ou réponse parfaitement ajustée à une déclaration ou une provocation verbale.
La Commission Patois : “Chaque pot trouve son couvercle”; autrement dit, chacun trouve chaussure à son pied.
Expression 3 : Kan lô kolombs son plin dé favés, trovont lé séïzés amarés.
– M. F. Quand on a bien mangé ou quand on est bien rempli on trouve le reste pas bon.
La Commission Patois : Bravo M.F. “Quand les pigeons sont pleins de fèves, il strouvent les cerises amères” ; quand on a trop bien mangé, on devient difficile.
Expression 2 : Én sok vouèt tingn pa drét.
– P.P. “Un sac vide ne tient pas droit” : ce qui signifie qu’il faut manger pour être actif, prendre des forces pour travailler.
– La Commission Patois : Félicitations à P.P. En effet, il faut manger pour être en forme.
Expression 1 : Ô la poô d’la feûmèé dou krôzès.
– C.G. Je n’y connais rien en patois. Mais je vois le pot, le fumet et les crosets. Alors je propose « C’est le pot qui donne son fumet aux crozets » ; façon de dire que c’est le contexte qui donne une saveur à une situation ? Mais je suis peut-être tout à fait hors sujet !
– A.F. Traduction mot à mot « Il a peur de la fumée du plat de crozets » ce qui signifie approximativement c’est un « trouillard » « celui qui a peur de son ombre… » Cette expression concernait les personnes reconnues très peureuses, pour tout et rien.
– La Commission Patois : Félicitations à A.F. Il a peur de la fumée des crozets, il a peur de tout. Une variante dans laquelle la polenta remplace des crozets : la feûmèé d’la polèndo.
Hommage au patois
Nous devons à Pierre Boniface la belle déclaration d’amour au patois que vous pouvez écouter ci-dessous et dont vous trouverez ensuite la traduction. Les transcriptions des textes qui suivent ne suivent pas les principes de la graphie de Conflans mais sont publiés avec la bénédiction de la Commission patois !
Récits de Pierre Boniface
Récits de Pierre Boniface (suite 1)
Récits de Pierre Boniface (suite 2)
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